Le Dry January en entreprise

Le Dry January (aussi appelé “janvier sec”) est à l’origine une initiative anglaise. C’est l’association britannique Alcohol Change UK qui a mis en place ce challenge. Un collectif d’associations et de réseaux nationaux a adapté ce défi en France, chaque mois de janvier.

Près d’un tiers des Français voudraient essayer ce mois sans alcool (sondage IFOP 2023). Et c’est une bonne nouvelle quand on sait que presque un quart de la population dépasse les repères de la consommation d’alcool (chiffres Santé publique France 2020) ! Et si vous faisiez vivre le Dry January au sein de votre entreprise pour questionner autour de la consommation d’alcool au quotidien et stopper sa banalisation ?

 

Le Dry January, qu’est-ce que c’est ?

Le Dry January est un défi personnel : ne pas boire une goutte d’alcool pendant tout le mois de janvier. Il se rapproche d’autres initiatives, comme le Mois sans tabac traditionnellement en novembre.

Ce challenge s’appuie sur des ressources en ligne, comme un site internet sur lequel s’inscrire pour ensuite recevoir des conseils, des recettes de cocktails sans alcool, etc. Les organismes à l’initiative du Dry January sont nombreux : des associations et fédérations (Association Addictions France, Fédération française d’addictologie, Ligue contre le cancer, Santé mentale France, AP-HP Paris, etc.), mais aussi des assureurs, des mutualistes et des collectivités comme les villes de Toulouse, Marseille, Grenoble…

 

Quel est l’objectif derrière le Dry January ?

Bien évidemment, il existe un véritable enjeu de santé publique derrière le Dry January. L’OMS classe d’ailleurs l’alcool comme une molécule cancérigène depuis 1988. Elle agit sur le “capital santé” des buveurs et est responsable de plus de 7 % des maladies et décès prématurés en Europe (chiffre du Ministère de la Santé).

Les risques d’addiction sont bien réels. Le piège est difficile à éviter : l’alcool a un aspect social et convivial qui lui colle à la peau et sa consommation devient ainsi banale. C’est là que le risque d’un glissement vers l’addiction est le plus fort : on boit lors d’événements, trop et/ou trop souvent, avant de rapporter cette consommation dans le quotidien (travail, maison).

Un petit rappel des repères de consommation d’alcool avant d’aller plus loin :

  • ne pas consommer plus de dix verres standard par semaine ;
  • ne pas consommer plus de deux verres par jour ;
  • avoir des jours sans consommation dans une semaine.

Le Dry January est donc l’occasion de faire le point sur sa consommation, de manière raisonnée… Et de la réduire sur le long terme !

 

Pourquoi faire le Dry January en entreprise ?

Est-il vraiment possible de boire au travail ? L’article R4228-20 du Code du travail est clair : seuls la bière, le cidre, le vin et le poiré sont autorisés. Pas d’alcool fort, même pour des événements festifs tel qu’un pot de départ. L’état d’ébriété n’est pas autorisé sur le lieu de travail et peut être un motif de licenciement.

Mais une politique plus précise sur la consommation d’alcool au sein de l’entreprise appartient au dirigeant. Il s’agira alors d’une démarche collective et préventive. Le Journal officiel du 3 juillet 2014 stipule même que l’employeur peut interdire toute consommation d’alcool sur le lieu de travail, dans le règlement intérieur (ou une note de service, à défaut). Le but est bel et bien de prévenir tout risque d’accident et de protéger ses collaborateurs.

En effet, l’alcool a aussi des conséquences directes à court terme :

  • accidents du travail ou de la route,
  • absentéisme,
  • violence,
  • modification des capacités de raisonnement, du champ de vision et de la perception du risque,
  • diminution des réflexes, de la vigilance,
  • etc.

Mais, si la consommation d’alcool sur le lieu de travail est si bien réglementée, pourquoi faire un Dry January ? Parce que l’alcool est bu essentiellement en dehors de l’environnement professionnel et impacte considérablement l’état de santé de tous les collaborateurs. La vie professionnelle a même sa part de responsabilité : 9,3 % des consommateurs d’alcool confient ainsi avoir augmenté les quantités bues à cause de problèmes liés au travail.

Pour aller plus loin :

 

Faire vivre le Dry January en entreprise

 

Le Dry January a toute sa place dans une politique de QVT visant à l’amélioration du bien-être des salariés. On ne peut pas nier que l’entreprise a un vrai impact sur la vie des collaborateurs : parler du sujet de la consommation d’alcool sur le lieu de travail est une façon de questionner et d’influencer positivement vos équipes, à travers des actes de prévention.

 

Lancer le challenge Dry January en entreprise

Le Dry January se déroule en janvier, mais vous pouvez tout à fait proposer un tel challenge à un autre moment de l’année. Il est vrai que le faire en début d’année offre plus de chances de réussite, grâce au phénomène des bonnes résolutions. Mais lutter contre les addictions, c’est toute l’année !

Pour commencer ce challenge et inciter vos collaborateurs à s’y inscrire, il faut avant tout communiquer en interne : affichage, mailing ou newsletter interne, réunion de lancement, etc. Vous pouvez mettre en avant les avantages individuels de la réduction de la consommation d’alcool pour motiver :

  • un sommeil plus profond,
  • une plus belle peau,
  • un regain d’énergie,
  • une meilleure mémoire, plus de concentration,
  • parfois, une perte de poids,
  • mais aussi : de sacrées économies !

 

Maintenir la motivation pendant le Dry January en entreprise

Le lancement du Dry January est un temps fort de ce challenge. Mais il ne faut pas s’arrêter là ! Pour avoir la joie de fêter votre victoire commune à ce défi, il faut le tenir pendant un mois entier. Afin de ne pas voir la motivation s’essouffler au bout de quelques jours, il est intéressant de proposer d’autres événements au fil des mois : des ateliers sur cette thématique (prévention des risques liés aux addictions ou cours de cocktail sans alcool par exemple), des groupes de discussion, etc.

Le site officiel du Dry January propose aussi :

  • la lecture d’articles de blog,
  • une application, “TryDry”, qui compte les calories gagnées et l’argent économisé au fil des jours,
  • des supports de communication comme des flyers,
  • un groupe Facebook pour discuter entre participants,
  • et des mails réguliers avec des conseils.

 

Et si vous passiez une année entière sans alcool ?

Et si le Dry January devenait la première étape d’une petite révolution ? L’alcool au bureau n’est absolument pas nécessaire – oui, même pour fêter la nouvelle année ou la promotion d’un collègue ! Il est tout à fait possible de transformer ce galop d’essai en véritable habitude : pas d’alcool lors des événements, des ateliers ou groupes de discussion de temps en temps, etc.

Cette démarche serait du ressort d’un responsable QVT, car il est important de travailler sur les causes de la consommation d’alcool : trop associée au côté festif ou bien liée au stress, au rythme de travail, etc. Un des points de vigilance à avoir ? Les repas d’affaires : souvent en dehors du lieu de travail, ils sont régulièrement le lieu d’une consommation complètement banalisée.

 

Pour aller plus loin : 

 

Remplacer l’alcool, que ce soit pour le Dry January ou toute l’année, n’est pas si difficile : boissons locales (jus de fruits, kombucha), alternatives dérivées comme la bière sans alcool, mocktails (cocktails sans alcool), etc. Il existe même des vins sans alcool aujourd’hui !

Le plus grand enjeu sera surtout la prévention auprès des équipes et leur responsabilisation autour de cette question. La consommation d’alcool est parfois un sujet compliqué, intime : le respect, la bienveillance et le non-jugement seront donc de mise pour ce Dry January en entreprise.